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EN COULISSE #1 : DEVENIR STYLISTE PHOTO




Je m'appelle Régina et je suis la fondatrice de Les Robeuses, un bureau du style au travers duquel nous proposons des services de conseil en image et de création de contenu digital dans le domaine de la mode et du lifestyle. Depuis 2 ans, j'ai également une casquette de styliste photo/ consultante mode auprès de marques, de magazines, de photographes, d'artistes et d'influenceurs.


Dans cette "série" que nous avons intitulé "En coulisse", j'ai décidé de te partager mon expérience en tant que styliste/ consultante mode basée dans une capitale de la mode, Paris. Je suis encore dans les débuts de ma carrière, je n'ai donc pas la prétention d'être une référence, ni de tout savoir de ce métier, toutefois j'ai trouvé intéressant de partager mon expérience sur le blog : mes hauts, mes bas, mes succès, mes déconvenues de ce métier dont on ne voit souvent que le côté glamour.


Dans ce premier article, je vais vous parler de moi, qui je suis, d'où je viens et comment je suis devenue styliste. Je suis persuadée qu'avant de prendre conseil auprès de quelqu'un ou de connaître l'avis d'une personne, il est important de savoir qui parle, car ma réalité, mes objectifs de vie, mes peurs ne sont certainement pas les mêmes que les vôtres. Je vais donc essayer de préciser le plus possible quand il s'agit de mon opinion personnelle. Et si tu tombes sur cet article et que tu as des questions, je t'invite à me les poser en commentaire, ce sera sans doute l'occasion d'en faire un article dédié.


Qui est Régina ?


Ma sœur Déborah et moi


J'ai 38 ans, je suis née à Paris mais j'ai grandi en région parisienne dans une famille que la société qualifierait de "famille nombreuse" de la "classe moyenne". Je suis l'avant dernière d'une fratrie, et je suis née Gémeaux. Pour beaucoup ces informations sont sans importance, mais pour moi elles expliquent ma personnalité, je vais développer et vous comprendrez mieux pourquoi je le mentionne.


Mes parents sont la première génération de ma famille à avoir immigré en France, notamment pour les études mais mes grands-parents avaient pour la plupart d'entre eux eu l'occasion de visiter la France. Comme je le disais, j'ai grandi en région parisienne, d'abord dans une commune du 92 entourées d'autres familles issues de l'immigration, puis dans une petite ville du 91 où nous étions 3 familles noires sur environ 4000 habitants. Je n'ai personnellement jamais été impactée par cette situation, comme je le disais plus haut, je suis Gémeaux et l'un des archétypes des Gémeaux, c'est son adaptabilité. Je trouve assez aisément ma place dans n'importe quel environnement.


J'étais bonne élève, j'ai toujours aimé apprendre, je suis de nature curieuse et je ressens le besoin de comprendre le monde qui m'entoure, heureusement pour moi j'ai aussi beaucoup de facilité à comprendre même des concepts un peu complexe. Toutefois l'un des "défauts" des Gémeaux c'est de passer très vite d'un sujet à l'autre, étant un signe d'air, et donc de ne pas toujours approfondir. Je suis un peu comme ça, dans le sens où si j'ai l'impression d'avoir fait le tour, je passe à autre chose. Toutefois tout ce qui a trait à l'humain, tout ce que l'on met dans le terme "spiritualité", me passionne.


Photo de famille lors d'un séjour en Centrafrique


J'ai un diplôme d'ingénieur en informatique et c'est une formation que j'ai choisi. Nous avons un oncle qui nous rendait souvent visite et chaque fois qu'il s'installait sur son ordinateur, je le voyais taper des mots incompréhensibles sur un écran noir (ce qu'aujourd'hui je sais être des commandes DOS), ça a totalement attisé ma curiosité de Gémeaux. Mon objectif a donc été de comprendre ce qui se tramait derrière cette machine et c'est ce qui m'a amené à étudier l'informatique et à y faire carrière pendant 11 ans.


Je suis une introvertie, un brin rebelle et j'ai confiance en moi. Je suis l'avant dernière de ma fratrie et mes observations m'ont amené à remarquer que l'enfant du milieu dans une famille est souvent moins docile, plus affirmé, plus libre. Je ne vais pas exposer toute ma théorie ici mais l'ainé.e sera souvent une personne plus responsable, le dernier sera souvent une personne plus individualiste. Cette position ne m'a pas exempté de responsabilités, toutefois elle me confère une certaine autonomie dans mes choix de vie. Bon c'est sûr que le fait d'être bonne élève a rassuré mes parents, mais il n'aurait pas été surprenant que je choisisse une voie plus créative dès le départ.


On associe souvent introversion et timidité. Je ne suis pas timide, par contre je suis une personne qui va être très souvent en retrait le temps d'observer un lieu, une ambiance, une personne. Lorsque je suis en difficulté, ma solution va être le repli sur moi. Etant Gémeaux, aussi considéré comme un signe double, je trouve aisément des solutions seules, mes "deux personnalités" ont des échanges de qualité qui permettent de résoudre de nombreux problèmes ! De plus, je vais avoir beaucoup de mal à être "dans le monde", mon monde est intérieur (intro : intérieur) ce qui peut s'avérer difficile dans une industrie qui est plutôt extravertie.


Quel est ton rapport à la mode ?


Je le dis souvent, je suis issue d'une famille de sapeurs/sapeuses. C'est vrai que ce terme fait référence à la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes du Congo, mais pour ceux qui savent situer la Centrafrique sur une carte, vous savez que les deux pays sont limitrophes et que seul un fleuve sépare la capitale Bangui de la RDC, par conséquent les influences venues du Congo sont nombreuses dans mon pays d'origine.


J'ai toujours vu mes grands-parents, mes parents, mes oncles, mes tantes se parer de leurs plus beaux atours quelle que soit l'occasion, aller manger chez des amis ou fêter la Saint Sylvestre dans le confort de la maison. On peut dire que j'ai baigné dans la sape depuis que je suis petite. Nous avons également une énorme collection de photos ou de films de famille des années 80 à aujourd'hui, donc les "outfits of the day" des membres de ma famille sont largement documentés et sont pour moi une source d'inspiration intarissable.



En haut à gauche : moi, Régina, portant un ensemble cousu par mon père

En haut à droite : moi et ma grande sœur Sandrine

En bas à gauche : mes tantes habillées pour un mariage

En bas à droite : Priscilla une cousine, Déborah ma sœur, Mamie Hélène ma grand-tante, Olivia ma sœur et moi



Petite mon Papa confectionnait nos vêtements. Il a appris à coudre très tôt grâce à mes grands-parents qui l'ont incité à faire quelques choses de ces 10 doigts pour se faire de l'argent de poche. Arrivé en France, alors qu'il était étudiant avec un faible pouvoir d'achat, il prenait le temps de réaliser nos vêtements, j'étais toujours super bien habillée. Puis quand mes parents ont finalement eu plus de ressources, ma Maman a commencé à nous habiller comme des poupées : robes, chapeaux, chaussettes à volants, babies vernies, etc. Très vite mes goûts se sont affirmées, je choisissais les pièces que je voulais porter pour aller à l'école ou pour fêter mes anniversaires.


Au collège, mon style a été très influencé par ma grande sœur Sandrine, je lui piquais souvent ces fringues dont quelques-uns qu'elle avait ramené lors de son séjour en tant que fille au pair en Angleterre, mais aussi par les magazines que je feuilletais. J'ai commencé avec "Jeune & Jolie", un magazine pour les 15-24 ans qui abordait différents sujets et proposait également des éditos mode. Je me souviens que c'est en feuilletant l'un des numéros que je me suis dit "j'aimerai vivre sur papier glacé" : premièrement parce que j'aimais les looks que je voyais qui me semblait vraiment audacieux à l'époque, et ensuite parce que j'aimais l'idée de moi aussi créer des éditos pour des magazines.



À gauche : mon père

À droite : mon père et ma grand-tante


Puis je suis passé au petit frère de Vogue, le magazine Glamour auquel j'étais abonnée. Chaque fois qu'il arrivait, je ne souhaitais qu'une chose, expédier mes devoirs pour pouvoir me poser et le parcourir. Au lycée mon style a commencé à être plus affirmé, j'explorais différentes associations, je m'intéressais plus aux tendances et je prenais du plaisir à faire du shopping : je ne jurais que par Pimkie, New Look, Zara mais aussi Ange, La City et le marché de Sarcelles pour mes looks tout en m'inspirant de ce que je voyais dans les magazines ou sur les photos de famille.


Très vite j'ai commencé à être sollicité par mon entourage pour composer leurs looks : ma mère et mes sœurs pour savoir comment associer telle ou telle pièce, des copines me demandaient où j'achetais mes vêtements, mes chaussures et où trouver une pièce précise. Et finalement alors que j'étais mon propre modèle, j'ai commencé à tester des choses sur les autres.


Quand et comment es tu devenue styliste photo ?


Je suis officiellement styliste photo freelance depuis 2022, mais l'aventure Les Robeuses a commencé en 2017 avec ce blog mode. J'ai commencé à lire des blogs quand j'étais à la fac, mes blogueuses préférées étaient pour la plupart américaines car je m'identifiais plus à leurs contenus, l'une des seules française que je suivais était Betty Autier dont j'aimais les looks rock colorés. Et même si je trouvais ces contenus sympas, une chose manquait : où sont les femmes qui me ressemblent ?


Alors le jour où j'ai décidé de lancer mon blog, je voulais faire la lumière sur les femmes, les fashionistas, créatrices et autres blogueuses qui me ressemblent. Ce blog m'a permis de faire des rencontres tout comme mon compte Instagram du même nom. La même année, je décide de lancer un concept mode innovant : le JMHCV, J'irai M'Habiller Chez Vous. À travers ce concept je souhaitais mettre en pratique mes talents de stylisme sur des femmes de morphologies différentes, montrer comment maximiser sa garde-robe en portant ses vêtements de différentes façons, et mettre en avant des femmes longtemps (et toujours) invisibilisées dans cette industrie. Forte de cette expérience, je décide en 2019 de faire une formation de conseillère en image.


Ma communauté grandissant sur les réseaux sociaux, je suis contactée fin 2020 par le photographe Marc Posso, héritier des grands photographes africains tels que Samuel Fosso, Malick Sidibé, Seydou Keïta, pour prendre part à son projet nommé Impérium pour lequel il me donne carte blanche. Totalement inspirée par le style photographique de Marc, je retourne à mes sources pour le stylisme : mes photos de famille, les années 70/80, des couleurs vibrantes et des mix d'imprimés, ma signature. Ce projet a eu un succès retentissant, tellement retentissant que je suis contactée quelques mois plus tard pour habiller le champion du monde de football, Presnel Kimpembe pour sa communication personnelle lors du "Black History Month".



Haut : Projet Imperium de et par Marc Posso, styled by me

Bas : Presnel Kimpembe par Marc Posso, styled by me


Le jour où j'ai reçu l'appel, j'étais au travail sur la fin de ma pause déjeuner. J'ai eu 4 jours pour préparer ce shooting photo à savoir trouver des idées d'ambiance générale, le fameux moodboard, trouver des vêtements correspondant à ce moodboard, contacter les marques, les boutiques, les bureaux de presse pour me faire prêter des vêtements et aller les récupérer et tout cela alors que je suis cheffe de projet en 4/5ème dans une petite ESN (Entreprise de Services du numérique) parisienne. Petite anecdote, les vêtements de la marque Ninie que porte Presnel Kimpembe sont arrivés 40 mn avant la séance photo par un livreur DHL express qui au lieu de respecter l'horaire de livraison du matin, a cru bon de le faire après sa pause déjeuner. Heureusement ce jour-là j'étais tombée sur un chauffeur Uber patient et compréhensible avec lequel nous avons traqué le livreur.


Malgré tout le stress lié à cette séance photo (je ne savais pas comment allait réagir notre champion du monde à mes propositions de looks, heureusement il a adoré et s'est prêté au jeu), ça a été ma révélation, je me suis sentie comme un poisson dans l'eau dans le studio, j'étais sereine, à ma place et je réalisais mon rêve d'adolescente.



À gauche : Marc Posso, Presnel Kimpembe et moi

À droite : Préparation des looks


Alors oui je suis autodidacte. Je pense que le métier de styliste photo on l'apprend chaque jour au gré des rencontres, chaque photographe est différent, chaque directeur artistique a sa façon de travailler, chaque client a ses spécificités. Bien sûr il existe des formations dans l'art ou dans la mode qui peuvent vous mener au métier de styliste, mais il y a encore quelques années, avant l'avènement des réseaux sociaux, les stylistes travaillaient principalement pour des marques, des magazines papier ou des célébrités. Depuis le métier s'est démocratisé, beaucoup de stylistes le deviennent par passion et la liste des mediums s'est agrandis avec entre autres les magazines digitaux et les réseaux sociaux !


Aujourd'hui on ne peut pas dire que je mène la grande vie des stylistes de renom, je ne vis pas encore de mon art et je travaille encore à me sentir légitime en tant que styliste mais ce qui est sûr c'est que j'aime le sentiment de liberté que me procure le fait de faire un métier dans lequel je m'épanouis. On dit des Gémeaux qu'ils sont d'éternels adolescents, je trouve que cette définition me convient bien. Je souhaiterai pouvoir dire à mes petits-enfants lorsque j'aurai 90 ans que j'ai eu une vie bien remplie, intense et palpitante, que je suis allée au bout de mes rêves et que eux aussi peuvent le faire. En attendant j'ai montré à mon enfant intérieur que TOUT EST POSSIBLE !


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Vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser à Régina en commentaire, nous pourrons ainsi les inclure dans nos prochains articles.


Merci infiniment de nous lire, n'hésitez pas à partager l'article autour de vous, vous le savez le partage est notre richesse.


Les Robeuses

Bureau du style

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